Résumé
Le festival d’arts mélanésiens de 1975, Mélanésia 2000, est décrit comme un marqueur historique de la renaissance culturelle kanak. Au point d’oublier que, parmi ceux qui, aujourd’hui, saluent et encouragent la mise en spectacle de l’identité kanak, certains refusaient à l’époque de cautionner ce qu’ils qualifiaient de folklore, voire de « prostitution de la culture » autochtone. Créée par les accords de Matignon (1988), l’Agence de développement de la culture kanak (adck) n’a eu de cesse ensuite d’encourager et de promouvoir de nouvelles formes à la fois esthétiques et contemporaines de l’identité culturelle kanak. Quarante ans après le festival, que reste-t-il du « souffle de Mélanésia 2000 » ? Ce texte, extrait d’une thèse de doctorat (2015) met en exergue les fondements et les paradoxes d’un festival qui fût la toute première (re)présentation d’une unité culturelle kanak, et l’archétype d’une « culturisation » des identités en Nouvelle-Calédonie.
Plan

Extrait
Mélanésia 2000, qui a fêté ses quarante ans en 2015, s’est déroulé sur un terrain en friche prêté par la mairie de Nouméa, « Plage 1000 »3. Son organisation fût confiée à un Comité de développement spécialement créé en 1974, dirigé par Jean-Marie Tjibaou. Ce dernier, qui n’était alors pas encore engagé en politique, faisait partie de l’équipe du Centre d’animation et de formation d’animateurs (cefa) créé et animé par un métropolitain issu du scoutisme, chargé de mission auprès de la Direction de la Jeunesse et des Sports de Nouvelle-Calédonie, Philippe Missotte4. Relayé sur le terrain par des groupes associatifs, ce festival a été le premier grand rassemblement des populations autochtones, autrement dit la première manifestation officielle et publique de l’unité culturelle kanak5. Sa dimension symbolique tient en tout premier lieu au fait qu’il s’est déroulé à proximité de Nouméa, la « ville blanche », dans laquelle les Kanak sont alors de facto des étrangers à leur propre pays (Leblic, 1993 : 161 ; Merle, 1995 : 74-75)6.
source : Caroline Graille, “1975-2015 : retour sur Mélanésia 2000, symbole de la renaissance culturelle kanak”, Journal de la Société des Océanistes [Online], 142-143 | 2016, Online since 31 December 2018, connection on 03 September 2024. URL: http://journals.openedition.org/jso/7570; DOI: https://doi.org/10.4000/jso.7570
image : © adck-Centre culturel Tjibaou












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