Résumé
Le nickel est longtemps resté un métal marginal utilisé dans la fabrication de produits de luxe. L’industrie du nickel démarre avec la découverte de gisements en Nouvelle-Calédonie en 1875. Elle profite du développement des aciers au nickel qui se conjugue avec la course aux armements. Trois histoires s’entremêlent alors : l’ histoire globale d’ un secteur industriel qui s’impose à l’échelle mondiale au cours des trente années précédant la Première Guerre mondiale ; les défis qu’il représente pour les grandes entreprises , les nations et leurs rivalités impériales ; et enfin, l’ histoire minière calédonienne qui se déroule dans le contexte de la colonisation .
Plan

Extrait
Outre la réussite de sa métallurgie, qui constitue le pivot de sa stratégie industrielle, Le Nickel doit son succès à trois points forts. Le premier est son domaine minier. Les mines de Thio, suggérées par Hanckar, en constituant le cœur. Bien regroupées, relativement accessibles, situées près de la mer le long de deux vallées qui s’ouvrent sur une plaine côtière, ces mines vont se révéler très riches. Le deuxième point fort est la banque Rothschild, qui prend le contrôle de la société en 1883. Persuadée de la valeur des gisements et du profit qu’elle peut en tirer, la banque apporte un précieux soutien financier et impose une politique prudente à long terme , exécuté par les hommes de confiance qu’elle place à la tête de la société. Le troisième atout est la main-d’œuvre, dont les conditions d’embauche ont fortement contribué à l’engagement de la banque Rothschild dans l’affaire. C’est sur la base d’un rapport sur la main-d’œuvre pénale rédigé par Louis Pelatan, un ingénieur des mines qu’elle a dépêché en Nouvelle-Calédonie en 1882, que la banque prend conscience de l’avantage décisif que confère la possibilité de recruter sur le long terme une main-d’œuvre nombreuse, docile et très bon marché, et cela dans une contrée où la main-d’œuvre est rare. En effet, la société Le Nickel a pu employeur jusqu’à plus d’un millier de forçats à travers quatre contrats de louage d’une durée de dix à vingt ans : ce sont les « contrats de chaise humaine ». C’est grâce au soutien du ministère que la société a pu s’assurer cette force de travail.
source : Yann Bencivengo, “Naissance de l’industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie et au-delà, à l’interface des trajectoires industrielles, impériales et coloniales (1875-1914)”, Journal de la Société des Océanistes [Online], 138-139 | 2014, Online since 15 December 2017, connection on 04 September 2024. URL: http://journals.openedition.org/jso/7144; DOI: https://doi.org/10.4000/jso.7144












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