Dans cet épisode on s’intéresse à #Hawaï, au féminisme hawaïen, avec notre invitée, Marylou MAHE (Olorin Illustration), interrogée par Anaïs DUONG PEDICA.
Cette jeune femme Kanak, artiste, militante, nous parle de Hawaï, cette île que nous regardons de notre œil de colonisé.e.s français.e.s, comme une contrée lointaine, américaine, mais dont les pratiques et la culture, nous rappellent nos liens culturels ancestraux.
Dans cette interview, nous découvrons un aperçu de l’histoire d’Hawaï, 50ème état des États Unis, archipel de 137 îles situés dans le Nord du Pacifique et dont le peuple premier sont les Kanaka ‘Ōiwi, terme Kanaka signifiant « homme » d’où est dérivé le terme Kanak désignant le peuple autochtone de Kanaky/Nouvelle-Calédonie.
Les mémoires de master de Maylou portaient sur Hawaï. Alors que dans son premier mémoire, elle analysait la construction américaine de l’identité hawaïenne, son mémoire de fin d’étude avait pour objet d’identifier et de révéler comment la double colonisation est représentée par les auteures hawaïennes dans leur littérature.
Sa volonté de mettre en lumière les femmes dans la littérature d’Hawaï est explicite par le titre de son mémoire : « La voix des femmes dans la littérature hawaïenne ». Selon Marylou Mahe, il s’agit d’une littérature, « riche et alimentée par une idéologie polynésienne unique, une histoire et une culture forte ».
Hawaï, c’est une histoire marquée par une annexion illégale en 1898 puis en 1959 en devenant, le 50ème état des États-Unis d’Amérique sans acte de droit international ni consultation du peuple premier.
C’est dans les années 70 que les mouvements contestataires se font entendre. On parle alors de l’éveil hawaïen. Cette ré-appropriation des revendications politiques et identitaires du peuple premier colonisé et soumis à l’hégémonie américaine. En dénonçant le caractère illégal de l’annexion d’Hawaï par les Etats-Unis, trois schémas d’avenir statutaire se dessinent et sont revendiqués par les femmes autochtones dans la littérature.
Marylou a exploité les œuvres de deux auteures Haunani-Kay Trask figure activiste, féministe, nationaliste la plus emblématique d’Hawaï et Sage U’ilani Takehiro, poète hawaïenne peu connue mais dont les écrits sont percutants.
Pour Marylou, la littérature casse l’image exotique d’Hawaï et des femmes hawaïennes qui sont objetifiés par le colonialisme et le patriarcat. L’évolution de la pensée et de la littérature hawaïenne a permis une remise en question du pouvoir hégémonique dans l’existence des Kānaka ‘Ōiwi et des femmes.
Cette remise en question se fait en plusieurs étapes évolutives :
– se déconstruire, se conscientiser sur sa marginalité, sur son oppression puis vient la décolonisation de l’esprit et de l’affirmation de sa pensée océanienne,
– se reconnecter avec sa source, se renouer, se réapproprier les traditions ancestrales des îles,
– s’affirmer en en tant que femmes hawaiennes, revendiquer son unicité, sa puissance féminine, dans le mouvement du Mana Wahine,
Dans ce processus de revendication identitaire c’est la pensée décoloniale qui est l’armature de la libération du peuple et le féminisme de politique décoloniale entre dans cette pensée décoloniale.
Quelques termes à retenir :
– la double colonisation des femmes hawaïennes pour explique la colonisation par l’empire et par le patriarcat..on peut aussi parler de triple colonisation si l’on ajoute le capitalisme.
– Le « white feminism » ou le féminisme universaliste : féministe euronormé, eurocentré, féminisme qui va nier certaines conditions, des femmes non-européennes, non blanches, Aller au-delà de l’hégémonie occidentale et trahir ce féminisme par un autre type de féminisme, le féminisme décolonial ou océanien, ou hawaïen,
– Le Mana Wahine : pouvoir de la femme, une force qui n’est pas génétique, mais plutôt une inspiration qui se travaille au fil des ans, notamment par l’engagement envers votre terre et ensuite envers votre communauté. C’est comme ça que vous serez reconnu comme ayant le « Mana Wahine ».
A découvrir également l’auteure hawaienne Kristiana Kahakauwila et son oeuvre « 39 Bonnes Raisons de transformer des obsèques hawaiiennes en beuverie » récemment traduit en français.
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