Dans cette 13ème édition nous poursuivons notre voyage à l’internationale. Après l’Equateur, c’est en Finlande qu’on vous emmène où Anaïs, membre de la team la Pause décoloniale, a interviewé Aleida Luján Pinelo, chercheuse mexicaine qui travaille sur le sujet des « féminicides en Allemagne ».
Les féminicides, un fléau que l’on connait bien en Kanaky/Nouvelle-Calédonie et qui, malheureusement, agite fréquemment notre actualité. Pas plus loin que le 31 juillet 2022, une femme de 33 ans a été retrouvée morte chez elle à Bourail, dans la tribu de Ny. En cause, des coups portés la veille par son conjoint, sur fond d’alcool. 15 jours plus tôt, c’était une femme de 35 ans qui avait été tuée par son mari à Nouméa. Une fois de plus, le collectif « Femmes en colère » était dans les rues de Nouméa ce samedi 06 août 2022 pour manifester et demander au Gouvernement calédonien et à l’Etat français de renforcer leurs interventions respectives en la matière.
Mais comment le Gouvernement calédonien et l’Etat français vont-ils pouvoir répondre à cette doléance ? En quoi, la lettre qu’a adressé le Collectif des femmes en colère à Brigitte Macron va-t-elle faire bouger les lignes ?
La question de la responsabilité des institutions est donc clairement posée : si des mesures sont mises en place, comment nous retrouvons-nous toujours avec des chiffres alarmants ? Ces mesures sont-elles efficaces, sont-elles suffisantes ? Nous avons du travail à faire sur la collecte des données pour comprendre ce phénomène de féminicide en Kanaky/Nouvelle-Calédonie…en tout cas, nous savons que de par le monde, des chercheuses, des militantes se sont engagées dans cette voie à l’instar de ce que fait Aleida Luján Pinelo.
On l’écoute dans cette interview conduite par Anais Duong Pedica enregistrée le jeudi 04 août à Turku en Finlande. Une interview conduite en anglais et traduite en français par Anaïs. C’est la voix de Stéphanie Coulon qui est empruntée pour couvrir, en français, les réponses de notre invitée.
Principaux points de cet interview :
– Un éclairage sur deux termes – fémicide et féminicide – si tous deux désignent le meurtre de femmes, le féminicide quant à lui, englobe et interpelle également la responsabilité collective ;
– L’importance de la société civile dans la dénonciation des féminicides est soulignée : demander justice publiquement c’est s’inquiéter des victimes et ne pas se suffire à des justifications stéréotypées qui culpabilisent les femmes sur un comportement qu’elles auraient eu et qui « naturellement » auraient provoqué la colère de leurs conjoints ou ex conjoints ;
– Si, faute de données exhaustives, il est pour le moment difficile de démontrer que le contexte colonial augmente le risque de féminicides. Expliquer ce phénomène et de manière exclusive, par les traditions genrées des communautés autochtones c’est invisibiliser l’influence du contexte colonial. Or, dans la compréhension du phénomène de féminicide, on doit saisir tous éléments contextuels, tous éléments historiques. Cela est valable, au Mexique, en Europe, ou en Kanaky/Nouvelle-Calédonie, où le discours dominant prend plaisir à associer la violence d’une communauté aux traditions de celle-ci ;
– Les politiques publiques en matière de féminicides, en Europe comme au Mexique mais aussi en KNC sont conduites par un colonialisme internalisé où le discours dominant accuse les minorités des maux de la société, se posant ainsi comme des êtres rationnels, pacifiques, incapables d’actes barbares ;
– « Feminizid Map » c’est la base de données sur laquelle travaille Aleida Lujan Pinelo dont l’objectif est de générer des données qui permettront d’analyser les féminicides et informer les politiques publiques, les orienter dans la mise en place d’actions. L’intérêt d’avoir des données en la matière est aussi de démonter des stéréotypes sur les féminicides qui stigmatisent souvent les minorités.
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Association Présence Kanak - Maxha 
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