« La société Kanak est une société patriarcale. Son système social fonctionne à partir d’une transmission des droits, des pouvoirs et des responsabilités, basée sur l’homme », article 56 de la section 2 s’intitulant « Du cycle de la vie et de la personne » de la charte du peuple Kanak.
Au programme de cette 6ème édition :
- En première partie, suite des interviews de Laurie Humuni et Sarah Luepak interrogées par Stéphanie Coulon. Elles nous livrent leurs avis respectifs en répondant à la question : « la société Kanak est-elle patriarcale ? ».
- En seconde partie de l’émission, nous poursuivons notre découverte de l’auteur afro-américaine Bell Hooks dans la chronique littéraire « la lecture d’Anaïs ». Celle-ci nous présente « Racisme et Féminisme, la question de la responsabilité », c’est le titre d’un des chapitres de l’ouvrage de Bell Hooks « Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme ».
Première partie – 00’02’33 à 00’19’00 :
Avis de Sarah Luepak : la société Kanak est patriarcale, qu’elle est hiérarchisée avec des règles qui installent l’homme au sommet et la femme en position inférieure. Ce paramètre, souligne Sarah avec prudence, fait partie des codes culturels que l’on a intégrés et qui nous sont chers car ils sont à la fois notre richesse et notre « prison ». Dans la société Kanak, les hommes prennent les décisions, ont la parole, ont les terres, donnent leur nom aux enfants. La femme quant à elle semble être dépourvue d’indépendance, de moyens de s’assumer. Elle trouve alors un moyen de s’émanciper en exerçant une activité professionnelle, dans le monde occidental qu’elle côtoie et qui lui confère une certaine liberté d’agir, à l’abri des jugements et des conséquences des jugements de la communauté.
Avis de Laurie Humuni : auparavant Laurie considérait la société Kanak comme une société patriarcale, mais ça c’était avant, avant son mariage avec un Kanak. Pour elle, la société Kanak est très organisée et chaque rôle a son importance, celui des femmes notamment. Les femmes sont consultées sur tous sujets au sein d’une famille, d’un clan. Elle illustre son propos en parlant de l’organisation d’un mariage. Pour elle, ce sont les regards extérieurs qui pensent que la société kanak est patriarcale car les femmes ne sont pas mises en avant mais elles ont pourtant une place importante et ça les femmes qui vivent cette culture le savent. La culture Kanak ne se résume pas à l’institution qu’est le Sénat coutumier qui engage des travaux pour rendre visible le rôle important de la femme au sein de la société kanaK. Le modèle français n’est pas à envier, elle souligne que celui-ci est profondément patriarcal. Un caractère qui se dilue par l’imposition de lois pour assurer égalité et parité au sein de la société française.
Synthèse – 00’20’10 à 00’22’02
La société Kanak est patriarcale, mais ce patriarcat serait-il différent du patriarcat occidental puisqu’il semble apporter équilibre et égalité ? Hélène Nicolas, maîtresse de conférences en anthropologie à Paris, a effectué une recherche dans les archives des missionnaires et à partir d’entretiens de mémoire orale à Lifou sur la période de 1842 (arrivée des premiers missionnaires) et 1900 environ. Elle démontre que la société Kanak était une société à tendance patriarcale mais que la colonisation, notamment la religion a renforcé ce patriarcat par l’imposition de plusieurs codes dont les femmes ont été les premières affectées. Cela fait écho avec la définition que donne Julieta Paredes, féministe latino-américaine de Bolivie qui dit ceci : « Nous devons reconnaître qu’il existait historiquement un lien patriarcal entre le patriarcat pré-colonial et le patriarcat occidental. Pour comprendre ce lien historique entre intérêts patriarcaux, revenir sur la dénonciation du genre pour le décoloniser peut être utile. (…) Des relations injustes entre les hommes et les femmes, ici, dans notre pays, il y en eu aussi avant la colonie, le patriarcat n’est pas seulement un héritage colonial. Il y a aussi un patriarcat et un machisme bolivien, autochtone et populaire…. »
Deuxième partie – 00’22’04 à 00’31’50
La chronique littéraire « La lecture d’Anaïs » « Racisme et Féminisme, la question de la responsabilité », c’est le titre d’un des chapitres de l’ouvrage de bell hooks « Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme »
Copyright La Pause Décoloniale - Article L. 111-1 du code de la propriété intellectuelle (CPI) : l’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. Ce droit comporte des attributs d’ordre intellectuel et moral ainsi que des attributs d’ordre patrimonial.
Votre commentaire